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Les 50 otages
Fleur Pollono-Sugier
Militer pour les droits des étrangers
Jeudi 9 octobre 2008 : journée de rencontres et spectacle organisée par la section de Nantes de la Ligue des Droits de l'Homme à l'occasion du dépôt de ses archives.
"Mesdames, messieurs, bonjour et merci de votre présence.
C’est avec beaucoup d’émotion que je prends la parole pour introduire cette journée autour des archives. Elle est l’aboutissement d’un travail d’inventaire de quatre années fait par une équipe de notre section.
Jusqu’à présent, des papiers étaient là entassés, vieillis dans les armoires de notre local, un peu mystérieux pour les nouveaux adhérents de la section ; les anciens nous faisaient vite comprendre qu’il y avait là quelque chose de précieux auquel il ne fallait pas toucher, c’était seulement lourd quand il nous arrivait de devoir les déplacer ; mais on respectait, on avait compris que pas un seul feuillet ne pouvait en être enlevé.
Puis sont arrivées nos archivistes, elles faisaient un travail discret et acharné ; nous avons peu à peu assisté au rangement, des boîtes nouvelles prenaient place sur les étagères.
Un jour, nous avons appris que le classement avait pris fin, que nos respectables papiers étaient devenus des archives, qu’elles pouvaient nous quitter pour être ouvertes par tous, simples curieux, étudiants, professeurs, chercheurs intéressés par la question des droits de l’homme. Il y a maintenant une part de notre histoire militante, associative, politique qui s’ouvre au grand jour avec la part de risque que cela comporte pour notre section mais aussi pour notre association.
En effet certaines hésitations, certaines positions peuvent être sujets à critiques, le chemin pour le respect des droits n’est pas tracé d’avance, il a supposé parfois des allers et retours, ce qui, à l’heure actuelle, peut nous sembler des régressions mais c’est notre histoire.
L’histoire de luttes grandes et petites, de luttes perdues d’avance, de luttes gagnées, de luttes qui continuent les mêmes, encore les mêmes et pourtant un siècle est passé, de luttes qui nous mettent en lien avec tous ceux qui nous ont précédé, qui comme nous se sont réunis, ont discuté, se sont disputés, ont écrit pour eux, pour la presse, pour les politiques, se sont rassemblés, ont rassemblé, ont donné de leur temps, se sont beaucoup donné.
Pourquoi ? Pour toujours le même but, le droit, le droit des Hommes, tous ces droits bafoués, tous ces reculs, toutes ces discriminations, toutes ces humiliations, toutes ces détresses.
Prise de conscience pour nous militants actuels de cette section que nous ne sommes qu’un relai mais qu’il ne faut pas lâcher ; tout ce travail accompli avant nous nous conforte dans l’idée qu’il faut tenir, c’est écrit, c’est écrit à plusieurs reprises qu’il y a des luttes gagnées.
Prise de conscience aussi que ces papiers, ces archives maintenant sont un instrument des droits de l’homme, en effet sans elles pas de transparence sur le passé.
Sentiment aussi d’un certain devoir accompli d’avoir mis à l’abri ce condensé de vie militante que nous aurions pu choisir de ne pas conserver par facilité, par ignorance ;
Merci à Agnès, Claire et Marie-Jo de leur travail minutieux et professionnel qui rend accessibles ces matériaux contribuant ainsi à la constitution de la petite histoire peut-être même à celle de la grande histoire de notre pays. Merci d’avoir contribué par ce travail, au maintien d’un aspect de notre démocratie, on sait quels pays ouvrent ou n’ouvrent pas leurs archives, c’est la section toute entière qui aujourd’hui dépose ces archives contribuant ainsi à cet enjeu démocratique, merci encore à nos archivistes de nous l’avoir permis.
Je ne voudrais pas conclure sans remercier :
Monsieur Yannick DROUET, président du Centre d’Histoire du Travail ainsi que toute son équipe d’avoir sollicité et accepté le dépôt de nos archives (un peu plus de 4 mètres linéaires), ce dépôt qui devrait maintenant contribuer au travail de mémoire, notre fonds parlant de l’histoire locale, nationale et internationale. Merci encore au Centre d’Histoire du Travail de Nantes, allié naturel pour les militants que nous sommes, en ce qu’il regroupe entre autre les archives d’organisations syndicales, d’hommes politiques, du monde social et associatif.
Mes remerciements vont également à toutes les personnalités qui par leurs interventions éclairées vont donner à cette journée toute sa dimension, merci à mesdames Annick COLLOVALD, Fleur POLLONO-SUGIER, Sophie BEROUD, à messieurs Emmanuel NAQUET, Gilles MANCERON, Geoffrey RATOUIS, Jean GUIFFAN, Jean DANET, Serge DEFOIS, Albert LABAT, Christian MARCHAND, Jean DROILLARD, Jean Pierre DUBOIS et Michel TUBIANA.
Je remercie pour leur confiance en cette journée nos partenaires, le barreau de Nantes, la maison des Hommes et des Techniques, la maison des sciences de l’Homme ANGE GUEPIN, Mémoire d’Outre Mer, Nantes Histoire, l’Université de Nantes et la librairie Vent d’Ouest.
Enfin je ne pourrais terminer cette intervention sans remercier expressément les collectivités territoriales. Sans leur soutien, nous aurions sans nul doute quelques difficultés à organiser une telle journée, merci aux communes de COUËRON, INDRE, NANTES, REZÉ, SAINT HERBLAIN, SAINTE LUCE SUR LOIRE, le CONSEIL GÉNÉRAL DE LOIRE ATLANTIQUE et le CONSEIL RÉGIONAL DES PAYS DE LA LOIRE.
Je salue et remercie également tout particulièrement pour leurs présences, Monsieur Yannick Guin pour la mairie de Nantes et Madame Michelle MEUNIER pour le conseil général de Loire-Atlantique qui interviendront au cours de cette journée.
Bienvenue à tous, bonne journée de travail et de réflexion, merci encore pour votre soutien à la cause des droits de l’Homme."
Nantes le 9 octobre 2008, la présidente de la section du Pays Nantais, Michelle Hazebrouck
« Il est très rare que les fonds d'association soient aussi bien conservés, malgré quelques périodes de lacunes (1914-1920, 1936-1948 et 1953-1963), confie l'archiviste Claire Bernard-Deust. Celui-ci est donc assez précieux pour témoigner du fonctionnement d'une association mais aussi car il aborde un large éventail de thématiques : pacifisme, montée du fascisme, grève d'ouvriers nantais, etc. ».
« Donner du sens à notre action »
L'accessibilité au public de ce matériau historique offre des perspectives variées. Il pourrait notamment servir de base documentaire pour des mémoires de maîtrise. « Pas seulement sur l'histoire de la ligue ou du militantisme, mais plus largement sur l'histoire politique, institutionnelle, juridique, économique et sociale, car les documents décrivent à leur façon la société nantaise du 20e siècle », précise d'ailleurs Claire Bernard-Deust.
La section du pays nantais de la Ligue des droits de l'Homme voit aussi dans ce travail une manière de « donner du sens à notre action malgré les difficultés du moment ». « Les droits et les libertés ne se portent pas bien dans le monde et dans notre pays. Le droit au travail et à un revenu décent, on en est loin ! On peut même parler de souffrances sociales. Ces archives sont aussi là pour nous rappeler qu'il y a eu d'autres difficultés dans le passé, comme la crise des années 30 », explique Philippe Legrand, vice-président de l'association. Élodie Retière-Henry, jeune comédienne et militante à la LDH, abonde et trouve pour sa part « très intéressant de retrouver cette histoire pour savoir dans quelle lignée s'inscrit notre militantisme ».
Tout le travail réalisé par la section nantaise sur ses archives sera présenté le 9 octobre à la Manufacture des tabacs lors d'une journée de réflexion et d'échange sur l'action militante pour les droits de l'homme à Nantes.
Jérôme Jolivet